mardi 24 novembre 2015

"Bonsoir Monsieur, vous n'auriez pas une pièce...?"

"Tu penses peut-être que l'impact de ton geste est faible, mais il peut faire une énorme différence dans la vie d'une autre personne..."



Il est 19h30, comme tous les jours (ou presque), je sors de la salle de sport et je m'apprête à prendre le métro pour rentrer chez moi...
-"Bonsoir monsieur, vous n'auriez pas une pièce? ça fait deux jours que je n'ai pas mangé..."
Je me retourne et je vois, assise sur un sac à dos, une jeune fille d'une vingtaine d'années, ces yeux sont cernés, elle paraît très fatiguée mais elle parvient tout de même à m'adresser un sourire...j'aperçois également deux cannes anglaises posées à proximité de son sac...
-"Désolé, lui dis-je, arborant également un large sourire, je n'ai pas de monnaie sur moi, ça aurait été avec plaisir...
-Ce n'est pas grave, vous vous êtes arrêté et c'est déjà bien, me répond-elle. C'est rare, vous savez, les gens qui s'arrêtent, en général, ils baissent la tête et accélèrent le pas...
-Oui, je sais, lui dis-je, la détresse et la misère des autres fait peur, les gens préfèrent "fuir"...
Elle me raconte alors un peu sa vie et je prends le temps de l'écouter...un père incestueux, un compagnon qui la battait...ces confidences me mettent mal à l'aise mais, malgré tout, je l'écoute, je ne suis pas pressé (je ne suis jamais pressé!)...
Un peu décontenancé, je balbutie quelques banalités...
-"Allez, il faut s'accrocher, courage..."
Je prends soudain conscience qu'il est beaucoup plus facile d'être adepte de la pensée positive quand on est dans ma situation car je ne manque de rien, je mange à ma faim, j'ai un logement, une famille...mais elle, comment va-t-elle pouvoir rebondir, elle n'a plus rien?
-"Merci de m'avoir écoutée, me dit-elle, au bout d'un moment...
-Ce n'est rien...au-revoir...accrochez-vous !"
Je reprends la direction de la station de métro, ému, la boule au ventre, mal à l'aise et je retrouve, dans la rame de la ligne A, les habituelles mines "déconfites", les "tronches de déterrés" de mes concitoyens, pas un regard, pas un sourire, têtes baissées, écouteurs dans les oreilles...et je prends soudain conscience que le seul sourire que j'ai pu voir aujourd'hui, est celui de la jeune fille affamée et en détresse...


Etre positif, c'est aussi être capable d'avoir de l'empathie pour ceux qui restent sur "le bord du chemin"...

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